L’objectif de ce travail concernait l’étude de la croissance cristalline du siliciure d’erbium sur des surfaces de silicium (111). Nous l’avons complétée en étudiant également l’interaction de l’erbium avec le germanium (111).
Nous nous sommes particulièrement intéressés au mode
de croissance à chaque interface, aux diverses structures cristallines en
présence, et à certaines de leurs propriétés électroniques.
L’interface Er/Si(111) 7x7 s’est révélée être un
système complexe, présentant de nombreuses reconstructions, avec un mode de
croissance couche par couche. La microscopie STM a, en particulier, permis
d’observer des reconstructions métastables invisibles en photoémission et de
confirmer l’absence de lacunes à la surface du siliciure 3D ErSi1,7.
Dans la gamme de la sous-monocouche, les images STM
ont montré la présence de nouvelles structures dont la croissance s’initie
préférentiellement pour un taux de recouvrement inférieur à la demi-monocouche.
Deux d’entre elles (2Ö3x2Ö3 R30° et 5x2) sont
moins stables que le siliciure 2D. Elles disparaissent lors d’un recuit
prolongé, au profit de la forme stable 2D ErSi2 et d’une nouvelle
structure 3D reconstruite 2x1.
Dans le but de pouvoir modifier à volonté la
réactivité de la surface, nous avons utilisé un substrat de silicium (111) d-dopé bore. Pour cette nouvelle interface Er/Si(111) d-dopé bore, nous avons rencontré
un système beaucoup plus riche que nous l’espérions. Pour des concentrations de
bore maximales, seuls les siliciures stables 2D et 3D ont été observés. Même
sur une surface passivée, la réactivité de l’erbium est très importante. Le
bore reste à l'interface.
Cependant, le bore modifie la qualité cristalline et
le caractère électronique du siliciure en induisant respectivement des
contraintes et une transition semimétal-métal. Dans ce système, le bore induit
un transfert de charges qui diminue la diffusion latérale et perturbe ainsi la
croissance du siliciure d’erbium.
En diminuant la concentration de bore à la surface,
nous avons constaté d’importantes modifications à l’interface. Dans ces
conditions, dans la gamme de la sous-monocouche, l’interaction erbium/surface
conduit à la formation d'une reconstruction de périodicité 2Ö3 déjà observée dans le
cas de l’interface Er/Si 7x7, ainsi que deux types de siliciure 2D. De plus, en
résolution atomique, les images STM ont montré une nette réduction des
contraintes dans les siliciures stables 2D et 3D.
Malgré l’absence de données expérimentales autres
que celles du STM, en procédant par analogie avec l’interface Er/Si, nous avons
pu établir quelques caractéristiques du système Er/Ge(111). Nous avons
essentiellement observé deux types de composés ErGe2-x stables, avec
des cristallographies probablement similaires aux siliciures d’erbium 2D et 3D,
ainsi qu’une structure métastable dépendant de la densité locale d’atomes
d’erbium et de la température de recuit.
L’efficacité du microscope à effet tunnel n’est plus
à démontrer. Ses capacités d’investigation à l’échelle nanométrique nous ont
permis de comprendre les mécanismes de formation des siliciures, impossibles à
analyser correctement par les seules techniques d’analyse intégrale. Mais il
faut également reconnaître qu’une compréhension complète et objective sur la
seule base des observations STM semble délicate. Dans ce travail, les
informations fournies par d'autres techniques expérimentales, comme la
photoémission, ont permis une analyse complète des interfaces Er/Si 7x7 et Er/BÖ3.
Il est, à ce stade, possible d'énoncer quelques
perspectives en prolongement de notre travail.
Les images STM en résolution atomique
ont clairement montré l’importance des effets spectroscopiques sur la
reconstruction Ö3xÖ3 R30° du siliciure 3D.
Il conviendrait d’effectuer, par des mesures It(V), une étude
spectroscopique complète du siliciure, pour déterminer exactement l’influence
des lacunes sur la structure électronique de la surface.
La microscopie à force atomique en mode résonant
(AFM non contact), en cours d’installation au laboratoire, pourrait permettre
d’obtenir des informations sur la structure atomique du siliciure 3D.
Avec le récent avènement du microscope
STM à température variable, une étude en temps réel de la croissance du
siliciure d’erbium serait également intéressante et permettrait d'affiner notre
analyse sur le processus de transformation de la phase 2Ö3x2Ö3 R30° en siliciure
ErSi2/2x1.
Des études récentes en photoémission
sur l’hydrogénation du siliciure d’erbium ont montré des modifications
importantes de la structure électronique et de la structure atomique. Plus
particulièrement, il a été observé, sur les spectres de photoémission, une
modification de la signature caractéristique des liaisons pendantes du
siliciure 3D ErSi1,7, liées à la présence de lacunes. Cette
observation est attribuée à une passivation des liaisons pendantes par
l’hydrogène. Ces travaux suggèrent une modification significative de la surface
des siliciures qui serait intéressante à étudier par microscopie STM.
Il pourrait également être intéressant
d’étudier d’autres interfaces TR/Si(111) afin de mettre en évidence le rôle du
rayon covalent et de la valence sur l’existence de surstructures.
Enfin, le système Er/Ge(111) a présenté
de nettes similitudes avec l’interface Er/Si(111). Par analogie, il a été
permis de proposer des structures cristallographiques de type AlB2
pour les composés ErGe2-x. Compte tenu des liens indissociables
entre la structure atomique et la structure électronique, il serait intéressant
de mesurer les courbes de dispersion de ces composés pour confirmer nos
résultats et déterminer les propriétés électroniques.